par Laure
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10 mai 2020
Au début de cette série d’articles, j’avais pensé à ce dernier volet sous l’angle des choses que l’on aurait mises en place dans le contexte du confinement mais que l’on n'aurait peut-être pas pu garder ensuite, à cause d’un retour dans un rythme de sur sollicitation. Comme par exemple plus de temps pour les activités de loisirs, des rapports en famille privilégiés, et simplement un rythme de vie plus tranquille. Du coup, le déconfinement officiel nous aurait reconfinés dans les modes de vie d’avant, qui ne nous convenaient peut-être pas toujours. La solution aurait été « simple » : réfléchir aux habitudes instaurées que l’on voulait garder, et les garder à l’esprit dans la réorganisation de notre vie. Conscience de ce qu’on voulait, de ce qu’on ne voulait plus, etc. Mais tout cela était bien théorique 😊. La vie étant pleine de surprises, je me rends compte que depuis 48h, je suis plutôt … anxieuse ! Je dors moins bien, mon mental est agité… En cherchant à comprendre d’où cela vient, je vois que c’est lié à cette échéance du lundi 11 mai, demain donc… Etonnant, je sais bien que rien ne va se passer demain, le vie ne va pas changer du tout au tout, ne va pas reprendre comme avant tout de suite, et cette date est surtout la possibilité de retourner en forêt ou de revoir quelques amis. Pourtant, l’émotion est bien là. D’où vient-elle ? Le blues du dimanche soir ? Le même principe je crois. Investigation … * Caractérisée par une sensation de tension au plexus et une sorte de figement, l’ anxiété est un état émotionnel assez trouble , mélange de sentiments d’insécurité et d’appréhension, malaise diffus, le tout par rapport à un danger que l’on a souvent du mal à déterminer. C’est donc l’occasion d’essayer de conscientiser ! En ce qui me concerne, après processus de questionnements divers et variés, j’ai l’impression que cette annonce de déconfinement est une injonction à sortir du cocon ! De même que le temps du week-end est en général un temps d’environnement protégé, et que le lundi signifie le retour dans un monde de challenges, ce lundi 11 mai signifie, au moins symboliquement, de nous ouvrir à nouveau à l’extérieur. Fini le cocon !!! Fini l’espace circonscrit et protecteur qui fait barrière avec le monde extérieur ! Et ça, ça fait peur 😊. * Déjà, cela fait peur car sortir du cocon, c’est sortir du monde connu, et l’inconnu est source d’appréhension. On sait que la vie va changer, mais on ne sait pas comment. De plus, on sait que cela va être difficile . On nous le dit bien assez ! On entre dans une crise économique, sociale et humaine, rarement égalée … Comment être rassuré de faire un pas dans cette direction ? De plus, nous allons sortir de notre cocon sanitaire . Avec le confinement, personne dans la maisonnée ne sort vraiment, l’espace est « propre », sécurisé. Pas d’appréhension de toucher les poignées, les robinets et le pot d’eau. Quand on recommence à rencontrer du monde (et vive la vie !), la brèche est ouverte, le virus peut entrer plus facilement. Même sans être inquiet spécialement du covid-19, je vois que je me pose la question de cette « sécurité » de la maison, et que la perspective que mes filles revoient leurs amis ne me rassure pas complètement. Peut-être renoue-je là avec un sentiment d’insécurité vécu par d’autres depuis déjà quelques semaines. Puis nous allons sortir du cocon familial , retrouvé grâce au confinement, car les enfants grandissant ne quittent plus tellement le nid ! Cela est très personnel, mais ces deux mois, malgré quelques débordements ponctuels, ont été l’occasion d’une vie de famille unie. On était tous tout le temps là …. Pas d’école toute la journée, pas de samedi soir avec l’une qui a une soirée, l’autre une soirée pyjama. Pas de dimanche matin vélo ou fille qui rentrera plus tard. Bref, pas de temps en groupe « incomplet ». Même si chacun pouvait vaquer à ses occupations, on était tous sous le même toit. Tout le temps. Même si ça a pu paraitre beaucoup au début, même avec la logistique supplémentaire, c’était bon de retrouver le temps de la famille en bas-âge (typiquement en mode cocon !). Du rab de vie en quelque sorte, un retour en arrière. Un cocon familial reformé, qui va, et c’est normal, se dissiper. Mais cela me pose la question de mon positionnement familial et de sa place dans ma vie. Nous allons aussi quitter un cocon personnel , avec ce périmètre restreint, et un certain contrôle sur notre environnement. On maitrise son organisation de travail, son temps de loisirs, on n’a plus les transports en commun, on est libre des injonctions vestimentaires… Des petites habitudes que l’on a vite pu faire nôtres. Lesquelles pouvons-nous et voulons-nous garder ? Enfin, nous allons quitter un cocon protecteur . Il y a aussi quelque chose de rassurant à ne pas avoir un champ des possibles trop grand … De même que l’enfant a besoin de limites pour se sentir sécurisé et pouvoir évoluer, l’adulte peut être plus à l’aise dans un espace restreint (juste comme cela nous convient, pas trop étriqué non plus 😉). Et il me semble que l’on s’est bien vite habitué à cette sorte de déresponsabilisation, que l’on a bien vite trouvé un confort à ne pas avoir à faire trop de choix…. Une trop grande liberté peut faire peur ! Car beaucoup d’enjeux, de responsabilités. Si on peut vraiment faire tout ce qu’on veut, alors on n’a pas d’excuse de ne pas aller loin ??? Donc sortir de ce cocon, c’est aussi peut-être devoir amadouer à nouveau notre libre arbitre d’adulte. Pas évident mais essentiel ! * Cela nous ramène donc à la notion de cocon, qui rappelons-le est aussi un espace de transformation , dans lequel la chenille par exemple trouve tout ce dont elle a besoin pour devenir papillon. En sortant du confinement, nous sortons de nos cocons respectifs, et cela peut être anxiogène. Nous nous exposons à nouveau à l’extérieur. Mais forts de cette expérience et de ce qu’elle nous a apporté (forcément), nous nous exposons aussi … à notre nouveau potentiel ! Donc non, le déconfinement ne va pas forcément nous reconfiner, mais c’est à nous de faire en sorte qu’il nous ait enrichi . C’est à nous de réfléchir aux points qu’il a soulevés, aux zones de travail qu’il a mises en lumière chez nous. Et si ce confinement nous avait donné la possibilité d’accéder aux éléments dont nous avons besoin pour nous transformer ? Encore et toujours un travail de conscience…