Est-ce qu’en France nous sommes particulièrement inaptes à gérer nos émotions ? Je ne sais pas. J’ai lu quelque chose qui allait dans ce sens dans un article sur la gestion de la crise en Europe, et cela a réalimenté une réflexion que je me faisais, qui va bien dans mon propos en général, et que je vais donc livrer ici.
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Revenons en mars. Dans l’effervescence et la surprise de cette nouvelle maladie, nous avons vu se succéder des « spécialistes » sur les plateaux TV. Principalement de médecins donc, qui, vous vous en souvenez certainement - car c’est toujours le cas 😊, avaient tous un avis différent. Et en changeaient régulièrement. Cela ne me choquait pas que l’on ne sache pas grand-chose sur le Covid à ce moment-là, cependant, j’avais été étonnée par les manifestations d’égo mises en lumière. La certitude d’avoir raison en entrainait certains dans une véhémence de langage incroyable, malgré le peu de recul donc, et l’impossibilité d’une certitude
!
A l’époque, je m’étais dit « Tiens c’est marrant, comme quoi on peut être médecin mais ne pas s’exprimer en tant que tel, et laisser parler ses émotions ».
Oui, je peux être naïve.
Mais c’était quand même intéressant à se formuler. Ils s’exprimaient en fonction de leur tendance émotionnelle beaucoup plus que de leurs compétences
technique, intellectuelle et analytique. Si je caricature un peu : les « tout-puissants » disaient que ce n’était rien, et les « inquiets » que c’était hyper grave. A nous de nous caler comme nous pouvions…
Peu importe la réalité, on pouvait ne pas savoir. Mais on aurait aussi pu dire qu’on ne savait pas plutôt que de vouloir convaincre qu’on savait ! Et d’ailleurs, qui voulaient-ils convaincre au fait ? Nous ? Leurs pairs ? Eux-mêmes ?
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Hors des plateaux télé, voyons maintenant ce qui se passe chez le commun des mortels, que ce soit en mars ou en novembre, même si les tonalités diffèrent. Personne ne va bien, ça on le sait. Mais est-ce que cela suffit à expliquer cette explosion d’agressivité ?
Les uns s’indignent de ceux qui « ne portent pas assez le masque », quitte à les agresser verbalement dans la rue. Parmi eux, quelques tempéraments plus actifs poussent jusqu’à la délation aux forces de l’ordre, mauvais rappel de l’histoire. A l’autre extrémité, d’autres méprisent « ceux qui n’ont pas compris que c’était un complot », ou au moins pas compris « comme nous perdions nos libertés » et comment notre société était en train d’évoluer. Là aussi, beaucoup de convictions …
Et si chacun pouvait avoir son point de vue ? Et si chacun pouvait avoir raison ? Il pourrait y avoir une vérité pour chacun, et que ce soit bien une vérité à chaque fois. Nous avons tous des histoires et des perceptions différentes, et c’est bien cela qui fait la richesse d’une société. A condition de respecter l’autre. Sinon qui nous respecterait ?
On pourrait échanger nos points de vue, arguments et ressentis à l’appui, pour ouverture d’esprit, partage ?Ah non, c’est vrai, je suis naïve ! J’avais oublié…
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Mais suis-je la seule ? Que se passe-t-il quand on court après ses élans émotionnels ?
Tellement vite qu’on n’arrive pas à les suivre ni à les rattraper ? Mais non plus à s’arrêter et faire demi-tour ? Comme si on patinait dans une ornière ??? Est-on alors naïf ? Aveugle en tous cas, avec un manque de recul sur soi.
Les foules sont comme ça il parait, qui réagissent en fonction de leurs émotions : Gustave Le Bon, médecin, anthropologue, psychologue social et sociologue, écrivait en 1885 que « la foule est toujours dominée par l’inconscient ». En collectivité, anonyme, on peut vite redevenir un individu en danger au milieu des autres, et la PEUR et/ou la COLERE prennent alors le dessus.
Mais ne sommes-nous pas capables de mieux ? N’avons-nous pas cette capacité autoréflexive, cette capacité d’être témoin de nous-mêmes ?
A l’avant du cerveau (cortex préfrontal) si je me rappelle bien ?
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ALORS QUE FAIRE ????
Quand nous nous emballons, prenons-en conscience.
Quand nous avons une réaction émotionnelle excessive, prenons-en conscience.
Quand nous perdons la fluidité de notre respiration, prenons-en conscience.
Dans ces situations, nos émotions sont en jeu, et nous réagissons avec nos tripes. Notons-le, car cela peut avoir un sens (les émotions ont une fonction et sont utiles !), mais mettons aussi un peu de recul, d’esprit et de cœur. Utilisons nos émotions pour mieux nous connaitre plutôt que de nous laisser entrainer par elles comme dans l’image indienne du chariot tiré par des chevaux incontrôlés et incontrôlables ...
Nous en avons les ressources … Alors essayons de contribuer à la collectivité avec le meilleur que l’on ait, en France et ailleurs 😊 !