Dans mon précédent billet, j’ai exprimé quelque chose de très personnel, qui je pense pouvait illustrer aussi ce qui peut tous nous arriver, à savoir un débordement émotionnel, et ce que l’on peut en faire, en termes de compréhension et de recentrage. C’était bien joli, mais peut-être pas toujours suffisant … Petit retour sur ce que sont les émotions.
Les émotions sont une fonction utile du corps, une réponse automatique à une sollicitation extérieure, qui nous permet de nous adapter à un environnement et de réagir au mieux
: la gazelle a peur face au lion, ce qui lui permet d’augmenter sa capacité de courir vite, pour éventuellement s’échapper ; l’humain confronté à une situation stressante se mobilise pour trouver des solutions, parfois originales. Jusque-là tout va bien, l’émotion est « adaptée ».
Mais les émotions peuvent aussi être inadaptées, ou débordantes.
Ce n’est pas le lieu ici pour un exposé complet, alors je vais rester pragmatique. L’émotion peut devenir envahissante, et prendre toute la place, devenir irrationnelle et tourner en boucle. Sans que l’on n’arrive à en sortir et ni à reprendre la main. On est comme paralysé, là à faire du sur place. Cela vous dit quelque chose ? Si oui, alors, comment faire ?
La première chose est déjà de savoir que les émotions sont dans le corps, ce qui d’un coup les rend plus concrètes, et accessibles
😊. En effet, une réaction émotionnelle fait intervenir presque tous les systèmes du corps : systèmes nerveux, cardio-vasculaire, musculaire, endocrinien et mental.
Je vais me limiter aujourd’hui à l’aspect purement corporel. Pour adoucir voire sortir d’une émotion, revenons au corps.
Revenez à vos sensations. Nous l’avons déjà un peu vu dans la publication précédente avec le retour à la respiration abdominale. Ajoutons la remise en circulation des tensions, avec la remise en mouvement du corps. En résumé, observez la sensation liée à l’émotion, et changez-la !
C’est aussi simple que ça …
Pratique (debout) : Emotions et étirement
- Commençons par nous installer dans une posture debout confortable : les deux pieds à plat sur le sol, poids uniformément réparti. Genoux légèrement fléchis, ou du moins « déverrouillés ». Retrouvez cette notion de socle, avec la stabilité du bas du corps, des jambes solides, qui vous portent sans effort excessif. Elles sont conçues pour ça finalement. A partir de ce socle, percevez votre axe vertical, et détendez les épaules, la nuque, le visage. Percevez ce décalage entre un bas du corps actif et ferme et un haut du corps détendu et souple. De nouveau une posture « stable et confortable ».
- Dans cette posture (de la montagne d’ailleurs, Tadasana en sanskrit), observez vos sensations. Essayez de zoomer sur les différentes zones : le plexus, la poitrine, la nuque, les fessiers. Est-ce que quelque chose parait figé, bloqué, crispé ? Dans toutes les émotions dites « négatives » (pas dans le cas de la joie !), on ressent comme des blocages ou fermetures (plexus), des tensions (ventre, poitrine, trapèzes, mâchoires). Ce sont ces mauvaises « circulations » que l’on cherche alors à libérer.
- Le 1er outil est la respiration. Observez votre respiration, peut-être thoracique au début. Sentez les mouvements d’expansion puis de rétractation de la cage thoracique. Peu à peu les côtes s’ouvrent plus facilement, le diaphragme se libère, on retrouve une respiration costale, puis abdominale. Un premier espace de circulation s’est recréé. Prenez alors une dizaine de ces respirations conscientes.
- Puis nous ajouterons des étirements. Je vous propose un exercice d’étirement général, des 4 « côtés » du corps, en passant sur les 4 « côtés » des pieds. Sur l’inspiration, transférez doucement le poids sur les orteils et levez les talons, tout en levant les bras de chaque côté du corps jusqu’en haut. Sentez bien l’étirement de tout l’avant du corps, des orteils jusqu’aux mains en passant par le ventre, le plexus, la poitrine, les aisselles. Puis sur l’expiration, relâchez doucement en raccompagnant chaque partie du corps à son point initial. Observez les nouvelles sensations.
- Quand elles se sont dissipées, refaites la même chose en passant sur les talons et en ressentant l’étirement de tout l’arrière du corps, des mollets aux cuisses, au dos, aux bras.
- Puis même chose en passant sur les bords externes des pieds, puis internes.
- Vous pouvez ensuite refaire une série en restant quelques instants poumons pleins et maximisant l’étirement à chaque fois.
- Revenez sur un point de vos sensations. Les sensations initiales, d’oppression peut-être, ont-elles évolué ?
- Joignez les 2 mains sur le cœur en namaste et appréciez cette possibilité simple de reprendre la main 😊